[vague post écrit et posté le 09.11.2019]

FUTUR, ANCIEN, FUGITIF, UNE SCENE FRANCAISE présente, comme son nom l’indique, une scène française de l’art contemporain qui s’inscrit ‘’pleinement dans son temps’’. divisée en plusieurs parties (les caustiques / les élémentaires / les doubles / les conteur.se.s / les ornementalistes / les esquiveur.se.s / les iconoclastes), elle s’étale sur les 3 étages du palais de tokyo, présente une diversité de médiums, questionnements, sujets, points de vue.

les expositions collectives à si grande échelle sont toujours à double tranchant ; on en prend plein les yeux et on en ressort inspiré, il y a une grande impression de fraîcheur, de bouillonnement, et puis dans le même temps il y en a tellement qu'on ne sait plus où donner de la tête, on est frustrés de ne pas avoir pu se pencher réellement sur tout, et on passe trop souvent à côté des dernières pièces parce que c'est épuisant de traiter autant d'informations d'un coup. alors évidemment ça mériterait de visiter l'expo plusieurs fois, mais quand on n'habite pas paris c'est compliqué. certaines vidéo/films durent la durée d’un film - quand on n’a que l’après-midi pour visiter c’est dur.

(ou pas ? j’ai souvent eu à me confronter à cette question de la durée d’une pièce. une vidéo peut-être pensée, malgré une durée longue, pour n'être vue que quelques instants [les vidéos qui tournent en boucle..]. certaines photos, malgré l'instantanéité que le médium convoque automatiquement, se prêtent à une sorte d’immersion - j'ai en-tête une installation de Wolfgang tillmans que j’avais vue à l’exposition rebuilding the future@imma, dublin, dans laquelle un immense format représentant des petits monticules de sable couvrait un mur ; devant lui était posé un banc au milieu de la salle pour s'asseoir tout en écoutant les paroles de l’artiste diffusées par le biais de haut-parleurs, où il racontait sa vision du futur du médium photo. c'était une pièce assez fascinante, j'avais bu ses paroles pendant quelques temps, et la photo choisie pour l’installation s’y prêtait bien.)

pour revenir à futur, ancien, fugitif, je ne vais clairement pas parler de tout. quelque highlights :

l’histoire de la france en 3d, de bruno dezoteux, une vidéo de 14min durant laquelle on embarque dans un train, qui traverse le pays (enfin il s’arrête au mans), poursuivi par un berger allemand -qui se prend pour un renard - hyper lo fi type 3d crado comme on en voit souvent en meme, et qui cherche à manger. il finit par trouver une clope, qu’il doit payer 1franc, il repart alors en galere pour retirer des thunes.. en parallèle à ça il y a des fleurs de lys qui volent en v comme des oies dans le ciel, ainsi qu’une conversation entre roland barthes et charles michelet (avec des vraies têtes, toujours dans cet esprit 3d volontairement à l’arrache). c’est d’ailleurs un de mes moments préférés de la vidéo, la scène rappelle un élément très simple mais primordial, il me semble, de l’art - le fait de faire dialoguer des personnalités pas nécessairement de la même époque dans un contexte différent du leur.

j’ai beaucoup aimé l’installation de kevin bray, rien que dans sa forme : un pan de mur incliné à 45° sur lequel sont présentées des pièces entre image numérico-digitalo-montage, peinture, et vidéo. certaines sont des formats rectangulaires classiques, d’autres sont découpées à même la forme du sujet (d’où l’aspect montage photoshop), il y en a en luminescence, d’autres non. au-dessus de ce mur, une vidéo est diffusée, les pièces qui apparaissent devant nous sont rejouées dans la vidéo en question (un homme assis dans une vaste salle, entouré de glitchs). et au milieu de la salle, devant le mur, une sculpture, deux humains attachés qui se regardent, la vidéo diffusée par les yeux de l’un se déverse sur le corps de l’autre. il y a un rapport très graphique à l’image, qui se déconstruit pour réapparaître à travers un autre médium. et puis il y a un personnage, une identité qui apparaît à travers l’ensemble, divisé, fractionné entre les différentes pièces, reconstitué lorsqu’on prend l’installation dans son ensemble.

pas longtemps après cette pièce, j’ai eu du mal à me concentrer véritablement sur les choses, mais je me rappelle être passé sous l’immense tissu suspendu de martin belou, qui de l’extérieur convoque la notion de paysage, alors que de l’intérieur on est sur un abri/cocon où poussent les arbres des dessins animés de l’enfance, et est diffusée l’odeur du bois qui brûle doucement dans la cheminée.

''Futur, Ancien, Fugitif, une scène française'' a lieu du 16.10.2019 au 05.01.2020 au Palais de Tokyo, à Paris
FUTUR, ANCIEN, FUGITIF, UNE SCENE FRANCAISE
@PALAIS DE TOKYO
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