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/getattractor.13 Montpellier, Musée Fabre - 14.12.19, après-midi
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au musée Fabre, les chemins mentaux se croisent. celui de montpellier d'hier et d'aujourd'hui, où l'auteure guide le lecteur à travers l'histoire du musée, la manière dont Fabre, en lui donnant sa collection, a en quelque sorte fondé sa renommée ; mais aussi en citant des tableaux qui comptent pour elle dans la collection permanente, ce qui, comme au jardin des plantes, provoque une chasse au trésor, à la recherche des peintures desquelles l'image imprimée nous est donnée au fil des pages. l'autre chemin, c'est la présence de l'exposition de Soulages dans une autre partie du musée, ses immenses tableaux aux teintes noires autour desquelles on marche, dans lesquelles on se plonge, devant lesquelles on se tient, debout, enveloppé. un troisième chemin : la présence du tableau bonjour monsieur courbet. une surprise alors d'en voir les déclinaisons et reinterpretations d'autres artistes exposées dans les salles qui le suivent.

à la sortie du musée, la nuit a commencé à tomber, des lumières rouge, orange, vertes, éclairent la façade du bâtiment de bas en haut. à travers les ruelles je m'enfonce, dans l'atmosphère d'une fin de samedi après-midi, les verres se boivent en terrasse pour conclure les heures à écumer les boutiques, ou pour démarrer celles à voguer de bar en bar jusque tard dans la soirée. le blind spot est dans une cour, je suis dans la ruelle qui la longe, en haut du mur qui nous sépare, les feuilles et les lianes pendent dans le vide. une porte métallique peinte en gris reste solidement fermée, aucun moyen de m'approcher plus.

une partie des blind spots apparaît dans ces lieux inaccessibles, les cours, les halls d'immeubles, dans les appartements et les maisons, ou dans des bureaux privés. si parfois une inscription sur les façades de ces lieux constitue une piste pour prolonger le récit, d'autres fois, comme ici, face à ce mur à la partie supérieure couverte de feuilles, c'est une projection mentale de ce que me cachent ces façades qui donne naissance à une suite. le fait que ces lianes n'apparaissent qu'en haut du mur suggèrent qu'elles recouvrent l'autre côté, et je m'imagine un jardin cloisonné, une cour coincée entre les maisons, à la végétation dense, au sol pavé, et en son centre, une table et des chaises sur lesquelles les habitants du rez de chaussée s'assoient et mangent et boivent les soirs d'été, à l'abri des espaces publics qui les entourent pourtant de si près.
[article également posté sur Reddit, en anglais]